Agriculture
: développement et mondialisation à l'index
Des agriculteurs
bio locaux et Agribio 05 ont apporté à la 13e foire bio Génépi (du 8
au 11 septembre 2011 dans l'Embrunais), une contribution paysanne concrète
(présence d'animaux) et convaincante (dégustation de produits). Ils ont aussi
organisé des tables rondes, destinées à échanger inquiétudes et expériences
entre confrères du monde agricole, adeptes ou non du bio.
La
première rencontre s'intéressait à la préservation des terres agricoles, la pression
foncière comptant parmi les graves atteintes à l'activité agricole. "L'agriculture est menacée par la
gourmandise du développement", constatait Pierre-Yves Motte. Pour le
président de la chambre d'agriculture des Hautes Alpes, la préservation du foncier
agricole "c'est dans les mains des politiques". A eux de mettre en
place des outils permettant d'empêcher le changement d'orientation des terres (PLU,
SCOT…). Autres méthodes évoquées : le diagnostic agricole avec zonage des
activités. Au constat que l'urbanisation absorbait l'espace et menaçait le
maintien de l'activité agricole dans sa région, le CETA d'Aubagne, lui, a mis
en place une charte qui a permis de "sanctuariser" les terres
agricoles et favoriser l'agriculture de proximité. Signée par douze communes,
cette charte est inscrite dans un SCOT et les PLU. Une convention a été signée
avec la SAFER, qui préempte sur la vente de fermes en vue de favoriser la
reprise par un jeune agriculteur plutôt qu'une reconversion en résidence ou
autre requalification. Ces outils s'avèrent efficaces mais doivent
s'accompagner d'une bonne communication sur les savoir-faire et d'un
renforcement des liens entre les agriculteurs. Plusieurs élus étaient présents
à ce débat. Adjoint au maire d'Embrun chargé de l'espace rural, Marc Viossat a
cité comme outils disponibles le PADD (projet d'aménagement et de développement
durable), préalable au PLU, et la loi SRU. En outre il invite les agriculteurs
à s'impliquer dans les espaces politiques (conseils municipaux,…). Enfin,
"pour qu'une agriculture vive, il faut qu'elle ait des débouchés, et pour
avoir des débouchés il faut rechercher la qualité, les niches, le développement
local… l'agriculture doit se défendre, peser économiquement", conclut Marc
Viossat. Autre parole d'élu, celle du maire de Puy Saint André, commune qui
fait de gros efforts pour que des terres à vocation agricole le demeurent.
"Mais ça n'est pas simple" constate Pierre Leroy qui, malgré une
convention fructueuse avec la SAFER, voit disparaître des exploitations, ainsi
qu'un type d'agriculture à l'ancienne (fauchage manuel…). "Les maires sont très seuls face à ce phénomène".
Une deuxième table
ronde impliquait les acteurs de différents types d'agriculture - bio, paysanne
ou raisonnée – et s'interrogeait sur leurs attentes et celles des
consommateurs. "Comme la biodiversité observée dans nos prairies, nos
différences nous enrichissent", entamait Thérèse Mevel, maraichère et
organisatrice de la réunion. Représentant les consommateurs et adepte de
l'agriculture biologique, Fernando Carreira estime que "les agriculteurs sont les premiers à subir les effets des poisons
qu'ils utilisent". Agriculteur à Châteauroux-les-Alpes, Eric Lions
représentait la FDSEA. Son regard est lui aussi alarmant. Concernant tout type
d'agriculture (bio ou non) : "Nos vies sont concordantes pour la plupart.
La mondialisation nous concerne tous. Notre
rôle est de nourrir la population, toute la population, y compris les
précaires. Bientôt, les méthodes de la grande distribution vont entraîner
des pillages par des gens révoltés. Aujourd'hui il est essentiel de rapprocher
producteurs et consommateurs".La première rencontre s'intéressait à la préservation des terres agricoles, la pression foncière comptant parmi les graves atteintes à l'activité agricole. "L'agriculture est menacée par la gourmandise du développement", constatait Pierre-Yves Motte. Pour le président de la chambre d'agriculture des Hautes Alpes, la préservation du foncier agricole "c'est dans les mains des politiques". A eux de mettre en place des outils permettant d'empêcher le changement d'orientation des terres (PLU, SCOT…). Autres méthodes évoquées : le diagnostic agricole avec zonage des activités. Au constat que l'urbanisation absorbait l'espace et menaçait le maintien de l'activité agricole dans sa région, le CETA d'Aubagne, lui, a mis en place une charte qui a permis de "sanctuariser" les terres agricoles et favoriser l'agriculture de proximité. Signée par douze communes, cette charte est inscrite dans un SCOT et les PLU. Une convention a été signée avec la SAFER, qui préempte sur la vente de fermes en vue de favoriser la reprise par un jeune agriculteur plutôt qu'une reconversion en résidence ou autre requalification. Ces outils s'avèrent efficaces mais doivent s'accompagner d'une bonne communication sur les savoir-faire et d'un renforcement des liens entre les agriculteurs. Plusieurs élus étaient présents à ce débat. Adjoint au maire d'Embrun chargé de l'espace rural, Marc Viossat a cité comme outils disponibles le PADD (projet d'aménagement et de développement durable), préalable au PLU, et la loi SRU. En outre il invite les agriculteurs à s'impliquer dans les espaces politiques (conseils municipaux,…). Enfin, "pour qu'une agriculture vive, il faut qu'elle ait des débouchés, et pour avoir des débouchés il faut rechercher la qualité, les niches, le développement local… l'agriculture doit se défendre, peser économiquement",
Représentant la
Confédération Paysanne, Olivier Bel s'est réjoui de trouver là un terrain de
dialogue avec le syndicat majoritaire. L'occasion d'exprimer la voix des
"petites unités", dont le potentiel n'est pas valorisé. "On est
dans une société schizophrène, on nous
pousse à faire du bio mais on nous impose des normes sanitaires
disproportionnées, faites pour l'agro-industrie". En outre, pour l'éleveur
bio il est essentiel qu'une solidarité existe entre les agriculteurs.
Puis on s'est
interrogé sur le sens qu'on donne à la production agricole. "Avoir du
bonheur à travailler et donner du sens à sa vie, ça compte autant que l'argent
dans le porte-monnaie", estime Thérèse Mevel, relayée par d'autres
producteurs prônant la qualité, la distribution locale des productions (écoles,
maisons de retraite…), les circuits courts… Et même le boycott des grandes
surfaces : "Le consommateur peut faire le choix de ne plus y aller, et de
privilégier le petit commerce, qui est en train de disparaître. Renoncer aux
grandes surfaces, c'est un choix politique !", affirma une mère de famille
qui a choisi de soutenir l'épicerie et la boulangerie de son village.
Cette table ronde
aura permis aux différents types d'agriculteurs de partager les mêmes
inquiétudes, et le sentiment commun qu'il est urgent de trouver des réponses solidaires,
réponses qui se trouvent notamment dans une relocalisation volontariste de
l'économie agricole.
A-C.D.